Les fondamentaux

J’ai d’abord réalisé un cursus de formation musicale complet au Conservatoire de Musique d’Angoulême. Formé et encadré par des enseignants issus de l’IRCAM et du GRM j’ai obtenu une Médaille d’Or en Composition de Musique Electroacoustique. C’est une excellente expérience pour former son oreille, apprendre à écouter et à comprendre le sonore dans ses plus petits détails. Simultanément j’ai créé avec un ami une association loi de 1901 avec laquelle nous avons organisé des concerts de Musique contemporaine. Nous avons également réalisé des ateliers de sensibilisation au sonore, nous avons créé des environnements sonores pour des expositions du Festival de la Bande Dessinée et des musiques de films…

Ensuite pour améliorer mes connaissances en acoustique j’ai effectué DEST au Conservatoire national des Arts et Métiers. C’est là que j’ai rencontré des audioprothésistes et c’est là que quelques années plus tard j’ai obtenu mon Diplôme d’Etat d’Audioprothésiste.

Mes travaux de recherche dans ce domaine m’ont permis d’être nommé Membre du Collège national d’Audioprothèse quelques années plus tard.

Ce parcours m’a permis de devenir un expert capable de redonner aux déficients auditifs une vie sociale dont ils sont privés du fait de leur surdité. Le secret de cette expertise repose sur la maitrise des caractéristiques spécifiques de la parole. En effet ce sont ces caractéristiques qui permettent le réglage optimum des aides auditives pour rétablir la compréhension de la parole et la communication avec l’entourage.

Fort de mon premier parcours de musicien et de cette expérience en tant qu’audioprothésiste, c’est tout naturellement que je me suis intéressé à la prise en charge des musiciens et des mélomanes. Ce que j’ai immédiatement compris c’est que la musique posait des problèmes spécifiques différents de la parole. Pour amplifier la musique avec des aides auditives il faut structurer une nouvelle prise en charge, prendre en compte des sources sonores musicales, et régler les aides auditives pour permettre à ce public de retrouver le plaisir de l’écoute musicale et de la dimension émotionnelle dont elle est porteuse.

Structurer la prise en charge c’est d’abord évaluer l’impact de la surdité sur la perception de la musique avec des tests pertinents ; … je n’entends pas les notes, les rythmes, les timbres… et la qualité sonore n’est pas bonne, ou trop forte, ou trop faible, nasillarde…

Ensuite, et c’est le véritable défi de l’appareillage auditif des musiciens, il faut utiliser les caractéristiques physiques propres à la musique pour régler les aides auditives et s’assurer avec les mêmes tests que les items musicaux sont mieux perçus et que la qualité sonore est améliorée.

La difficulté réside dans la variabilité des sources sonores, par exemple si l’on écoute un instrument seul, un orchestre symphonique ou un enregistrement sur une chaine haute-fidélité, le niveau, la fréquence, le timbre des sources sonores sont physiquement très différentes. Ou encore si l’on considère la situation d’écoute d’un instrumentiste versus celle du mélomane, le premier est très proche de la source et le second beaucoup plus éloigné donc le niveau sonore est très différent.

Le projet c’est bien de répondre à tous ces besoins aussi différents soient-ils.

Le projet c’est de permettre à un mélomane de distinguer une clarinette et un hautbois jouant à l’unisson dans une nuance piano ou de lui permettre de suivre les deux voix du Duo des Fleurs de Lakmé.

Le projet c’est d’aider l’instrumentiste à retrouver le parfait contrôle de sa sonorité et de son geste.

Pour cela il faut leur redonner la meilleure perception possible de tous les items musicaux dans toutes les situations d’écoute musicale.