Impact de la surdité sur la perception de la musique
Pour pouvoir corriger l’audition dans les bonnes proportions il faut, au préalable, mesurer les performances du patient en matière d’écoute musicale.
Le diagnostic :
- Comment mesurer la dégradation de la perception de la musique ?
- Quel items doit-on utiliser pour poser un diagnostic fiable et reproductible ?

Depuis de nombreuses années les chercheurs tentent de concevoir des tests permettant d’évaluer l’impact de la surdité sur la perception de la musique. De même qu’un test de reconnaissance de mots permet de mesurer cet impact sur la perception de la parole.
Ce qu’il faut c’est trouver des dimensions qui caractérisent au mieux la musique et imaginer des épreuves pour évaluer leur perception et ainsi corréler la perte auditive avec un score de perception de cette dimension.
Le Test de la note sonde (Probe Tone Method) ou test de reconnaissance de la tonalité fut un des premiers tests proposés par une équipe de chercheurs de Toronto dirigé par Frank RUSSO et Dustin CHASIN. Le Test de la note sonde se proposait d’évaluer la reconnaissance de la tonalité chez les musiciens déficients auditif (cf article in bibliographie).
Avec une de mes étudiantes nous avons mis en œuvre ce test auprès d’une dizaine de patients. Même si l’équipe de Franck RUSSO nous a confirmé la qualité de nos résultats, nous n’avons pas trouvé de corrélation systématique entre l’importance de la surdité et le score à ce test.
Est-ce que la tonalité est une dimension de la musique trop difficile à explorer ? Peut-être que le test était mal conçu et ne permettait pas l’extraction fiable et reproductible de cette dimension ?
Le test AMP développé par Martin KIRCHEBERGER un étudiant autrichien a proposé dans sa thèse de doctorat, une batterie de tests incluant notes, rythme, mesure, mélodie…, brillance, attaque, timbre… il explorait un grand nombre de dimensions caractérisant la musique.
Là encore une de mes étudiantes a réalisé ces tests mais la passation était très longue et mal vécue par les patients. Un test doit aussi respecter la capacité de résistance du patient sinon des biais s’installent, la fiabilité diminue et la pertinence et l’utilité s’éloignent.
Nous avons eu des échanges avec l’auteur et en approfondissant nous avons conclu que l’exploration la plus efficace et rapide concernait probablement le timbre.
C’est ainsi que nous avons conçu et développé nos propres tests de reconnaissance de timbre.
Ils sont simples à comprendre, ils sont rapides à passer. En variant le niveau de présentation nous arrivons à montrer que les scores sont assez bien corrélés avec l’importance de la perte. Nous devons affiner ces tests en tenant compte des zones formantiques significatives de chaque timbre pour choisir les timbres en fonction de la perte auditive notamment dans les aigus.
Annexes bibliographiques :
Probe Tone Method, Frank RUSSO
Music perception with hearing aid, Martin KIRCHBERGER